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on semble considérer le rire comme une activité un peu dégradante si elle n’a pas pour support le calçon et les cocus.
Je me permets de considérer qu’on peut essayer de faire rire les gens avec autre chose et qu’il n’y a rien de scandaleux à provoquer l’hilarité en évoquant, par exemple, la guerre. Je regrette d’être de ceux à qui la guerre n’inspire ni réflexes patriotiques, ni mouvements martiaux du menton, ni enthousiasme meurtrier (Rosalie, Rosalie !), ni bonhomie poignante et émue, ni piété soudaine - rien qu’une colère désespérée, totale, contre l’absurdité de batailles qui sont des batailles de mots mais qui tuent des hommes de chair.
Boris Vian, avant-propos à l’Equarrissage pour tous, 1950
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